Voilà une nouvelle tendance numérique surprenante. Il s’agit de parents qui ouvrent une adresse email pour leur enfant, dès la naissance de junior. Surprenant… mais pourquoi faire ? Pour exister y compris virtuellement ? Point du tout ! Cette adresse email, partagée avec toute la famille, permet de collecter des souvenirs et de les mettre, aussi, en sécurité. Photos, récits de souvenirs, vidéos sont ainsi postés régulièrement ou non.
On se retrouve à écrire dans le vide à son bébé certes, mais un jour, Jules ou Lola auront l’âge d’ouvrir leur boîte email et là, quelle merveille... "Lucy, 8 ans, assise sur les genoux de sa mère a ainsi découvert ses 424 mails. Ceux que ses parents et sa famille lui envoient depuis qu’elle est bébé. Il y avait des photos d’elle nourrisson, des rendez-vous chez le pédiatre, des récits de vacances, des petits mots envoyés par sa grand-mère ou encore des vidéos d’elle pataugeant dans un bain vraiment débordant de mousse.
Une fabrique de souvenirs
Avouons que la plupart d’entre nous mettons les bouchées doubles pour fabriquer des souvenirs merveilleux à nos enfants : vacances, organisation de leur anniversaire, Noël, première rentrée des classes,... on se met même parfois une sacrée pression. Qui n’a pas bu avec un brin de dégoût à 3 heures du matin le verre de lait du Père Noël après le foie gras du 24 décembre pour « ajouter de la merveille » aux souvenirs de notre petit ? La petite souris, une partie de pêche, une leçon de cuisine… nous faisons notre maximum pour que leur monde de l’enfance soit un rayon de soleil dans leurs souvenirs. En garder une trace est essentielle, mais quelle trace ?
Trace et empreinte, le souvenir d’une intimité
Car cette adresse email pour bébé, c’est un peu comme les albums photos que faisaient nos parents, dans lesquels ils collaient un dessin ou une boucle de cheveux et notaient, pour les plus assidus, nos premiers mots rigolos. C’est un peu. Mais ce n’est pas tout à fait pareil. Dans la boîte email, il n’y a pas le vrai dessin avec la tâche de chocolat, ou la boucle de cheveux. Il n’y a pas non plus l’écriture de maman ou de papa, celle que, malgré notre monde numérique, ils reconnaitront tout de même jusqu’à la fin de leurs jours. Celle qui figurera sur leur cahier de correspondance pour justifier leurs absences au collège, celle qui sera sur la liste de course qu’ils glisseront dans leur poche quand ils seront plus grands. Cette écriture qu’ils découvriront un jour, en rangeant vos affaires parce que vous n’êtes plus là, sur une enveloppe, une lettre ou un cahier de souvenirs… et que rien qu’à cette vue, ils sauront que vous êtes toujours là.
Ce ne sera pas le cas des emails. Marie témoigne « En rangeant les affaires de mon père, j’ai trouvé deux cahiers rongés par le temps, les cahiers de chansons de ma grand mère. Cette belle écriture sur ce cahier démarré en 1927 m’a bouleversée. Bien sûr, les chansons ne sont pas à l’abri comme une boîte email et les pages sont déjà bien abimées… mais elle est là, dans ce cahier, sa présence est puissante. Le virtuel supprime bien des sens, le toucher, l’odeur même et cette intimité unique qu’est l’écriture manuscrite ».
Au final, ouvrir une adresse bébé@violet.fr pour y poster ses souvenirs d’enfance nous paraît donc être une excellente idée ! Mais n’oublions pas les petits mots, les albums photos annotés… n’oublions pas l’objet, et de laisser une trace, manuscrite, à nos enfants. Et vous, vous en pensez quoi ?